Congrès Myology 2019 | GI LGMD | AFMTELETHON

Retour sur le Congrès International Myology 2019

Du 25 au 28 mars a eu lieu le 6ième congrès international, Myology 2019, organisé par l’AFM-Téléthon. 800 médecins, cliniciens, chercheurs et experts ont échangé autour de la science du muscle, dit myologie, pendant quatre jours. Mandine, Christelle et moi y avons représenté le groupe d’intérêt LGMD Myopathies des Ceintures. Nous avons passé quatre jours intenses, riches en information et en discussions.

Le premier jour

Le congrès a été ouvert par Laurence Tiennot-Herment, la présidente de l’AFM-Téléthon. Ensuite, un cocktail a eu lieu, où nous avons pu établir de premiers contacts avec des médecins et experts. La soirée a été courte pour nous car nous avons dû nous lever tôt le lendemain.

Le deuxième jour

Ce deuxième jour a commencé par une plénière sur la myologie translationnelle. La recherche translationnelle peut être décrite comme: soit le fait de développer des applications cliniques à partir d’une découverte de la recherche fondamentale, soit de favoriser l’exploration de nouvelles pistes à partir d’une observation clinique.

 

La plénière a été suivie par un symposium sur la cardiomyologie. Les présentations avaient pour focus la dystrophie de Duchenne et la dystrophie myotonique.

 

Serge Braun, le directeur scientifique de l’AFM-Téléthon, a ouvert le symposium de jeunes chercheurs après une pause déjeuner. Les jeunes chercheurs, parmi eux Mathias Lambert, chercheur français à Boston, ont présenté leurs travaux dans la recherche génétique fondamentale.

 

La journée a continué avec des présentations autour des outils d’évaluation et des biomarqueurs. Jordi Diaz-Manera, médecin de l’unité des maladies neuromusculaires à l’Hôpital Santa Creu i Sant Pau de Barcelona, a démontré que l’utilisation des examens IRM pourrait être bénéfique pour mesurer l’efficacité d’un traitement dans des futurs essais cliniques.

 

Après la pause café nous avons écouté la présentation d’Isabelle Richard, directrice scientifique du laboratoire Généthon, sur la thérapie génique par virus adéno-associé (AAV) dans les dystrophies musculaires des ceintures (LGMD). Son équipe a démontré les principes de cette approche dans plusieurs formes de LGMD à l’aide de modèles animaux. Des études précliniques ont été initiées dans la perspective d’une utilisation clinique (c’est à dire chez homme).

Le troisième jour

Le troisième jour du congrès Myology 2019 a débuté avec des présentations sur les leçons à tirer des essais thérapeutiques négatifs dans des maladies neuromusculaires. Kathryn Wagner, chercheuse neurologue à Baltimore, a parlé des résultats négatifs dans quelques premiers essais cliniques de la myostatine. Cela a été suivi par des symposiums sur la dystrophie myotonique et le motoneurone.

 

Mandine et moi avons eu le plaisir de déjeuner avec Jean-Pierre Laurent du LGMD2i Research Fund à Seattle, qui a répondu présent à l’invitation que nous lui avons fait pour assister au congrès. Nous avons expliqué le rôle du groupe d’intérêt LGMD au sein de l’AFM-Téléthon et Jean-Pierre nous a raconté ce qu’il fait pour le LGMD2i Research Fund.

 

Ensuite, notre réunion avec les associations LGMD à l’international a eu lieu. Mandine a présenté le Groupe d’intéret LGMD Myopathies des Ceintures et nos missions au sein de l’AFM-Téléthon. Même si nous n’étions pas nombreux, nous avons discuté autour de thèmes importants, tels que celui des registres de patients pour chaque type de myopathie des ceintures.

 

Nous aimerions remercier le Dr. Carles Sanchez Riera de GFB Onlus, l’association italienne de beta-sarcoglycanopathie (LGMD R4 lié au beta-sarcoglycane, anciennement LGMD2E). Merci également au Dr. Gustavo Dziewczapolski, directeur scientifique de l’association américaine Cure CMD d’être venu.

 

En parallèle a eu lieu un symposium sur la thérapie génique dans les dystrophinopathies (Duchenne/Becker), dans la sclérose latérale amyotrophique (SLA, maladie de Charcot) et dans la myopathie myotubulaire.

 

Après une pause café la journée a continué avec des présentations sur le thème de la lutte contre l’errance de diagnostic. Madhuri Hedge, directrice scientifique de Perkin Elmer Genomics à Waltham/US, a présenté les résultats d’une étude américaine d’analyse génétique sur une cohorte de 4656 individus suspectés cliniquement d’être atteints de LGMD afin de démontrer :
le spectre des variations génétiques, la prévalence des différents sous-types et les mécanismes sous-jacents de la LGMD.

 

Le séquençage à haut débit s’est effectué sur 35 gènes associés à la myopathie des ceintures. L’analyse critique des données moléculaires de 1259 individus (27 %) a mis en évidence :

  • 11 sous-types différents de LGMD à transmission autosomique récessive, associés aux gènes DYSF, FKRP, GAA, SGA, SGCB, SGCG, TRIM32, FKTN, ANO5, POMPT2 et ISPD
  • aucune forme de LGMD à transmission autosomique récessive liées à POMPT1, SGCD, DAG1 ou POMGNT1
  • la prévalence majoritaire aux Etats Unis des variants délétères dans l’un des gènes suivants:
    17 % Calpain 3, 
16 % Dysferline,
 9 % FKRP,
 7 % Anoctamine
  • une prévalence plus élevée de la maladie de Pompe à début tardif
  • de la LGMD1E associée au gène DNAJB6 et
  • des formes de LGMD autosomiques dominantes associées aux anomalies de CAPN3.

 

Des anomalies de plusieurs autres gènes associées aux gènes connus dans les LGMD ont été fréquemment retrouvées.


Regardez l’interview de Madhuri Hedge ci-dessous :

 

Le quatrième jour

Ce dernier jour du congrès Myology 2019 a débuté avec une plénière intitulé « Thérapies à l’Horizon ».

 

Le discours sur les thérapies à base d’acide nucléique pour la dystrophie de Duchenne et l’amyotrophie spinale (SMA) a été suivi par une présentation très encourageante d’Olivier Dorchies, chercheur à l’Université de Genève, sur le tamoxifène en tant que potentiel traitement des maladies musculaires.

 

Le tamoxifène est un médicament anticancéreux qui améliore la fonction du muscle dans des modèles animaux de Duchenne, de myopathie myotubulaire et de myopathie congénitale de type 1A. Une étude de phase 3 chez les garçons présentant une dystrophie de Duchenne est en cours (TAMDMD). Oliver Dorchies a expliqué que ces découvertes suggèrent que le tamoxifène pourrait être bénéfique pour diverses myopathies et dystrophies musculaires. Attendons la suite !

 

Mandine, Christelle et moi avons profité d’une pause déjeuner pour regarder les posters exposés au stand LGMD présentants les travaux scientifiques dans différents types de myopathies des ceintures.

 

En fin d’après-midi a eu lieu la présentation surprise de Sarepta Therapeutics, Cambridge/US. Un représentant de la biotech a annoncé des résultats satisfaisants d’une étude de phase 1 de thérapie génique (MYO-101) chez 3 jeunes patients atteints de myopathie des ceintures 2E (LGMD R4 lié au beta-sarcoglycane).

 

Le congrès a ensuite été clôturé par Laurence Tiennot-Herment.

Le bilan

Ce congrès international a clairement démontré que nous rentrons dans une nouvelle ère pour les maladies neuromusculaires. Celle des traitements innovants, qu’il s’agisse de la thérapie génique ou du repositionnement de molécules médicamenteuses. Myology 2019 a réuni des experts du monde entier, pleins de talent et de détermination.

Un nouvel espoir pour nous, les malades ! L’espoir devient petit à petit réalité.

 

Toutes les vidéos de Myology 2019 sont disponibles ici :
https://www.afm-telethon.fr/actualites/myology-2019-interviews-video-127192

 

Mélanie B.

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